Pour Bourguiba, sans bourguibistes nostalgiques, loin des stratégies électoralistes.

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Entendons nous bien. Je suis pour Bourguiba mais je ne suis point « bourguibiste ». Pour moi, au-delà du Leader et Homme Politique que Le Président  Habib Bourguiba a été, il y a à considérer un mode de penser créateur et fondamentalement révolutionnaire avec lequel Bourguiba, en tant qu' »intellectuel organique », avait  réussi à transformer la pensée réformiste, spécifiquement tunisienne, en « praxis » politique moderne, productrice d’Histoire.

D’aucuns l’appelleront « pragmatisme » ou bien l’occulteront sous la signification d’une stratégie de lutte de libération, connue sous l’appellation de « Politique des étapes ». D’autres iront même jusqu’à transformer cette pensée active en « Extrémisme du Milieu » qui  voulant faire l’économie de l’effort d’une pensée plastique, toute de souplesse et de nuances, réduira ce mode de penser en une « morale de la modération » qui n’a plus rien de véritablement politique. Sauf qu’elle a permis l’administration, rigide et vigilante, du Parti Destour de Bourguiba, en le prenant pour celui de Staline. C’était là l’une des formes  prises par la trahison  des clercs qui avaient assiégé le  vieux Bourguiba en vue de s’assurer, chacun pour son propre compte, sa succession à la tête de l’Etat. Toutes ces formes de trahison  avaient pour motivation les « Ambitions  nationales » de ces clercs  qui s’étaient tous, le moment venu, contenté de reconnaitre leurs limites, face au fait accompli du putsch médical de Ben Ali.

Le Président Bourguiba est devenu, désormais, une figure emblématique de notre histoire. Le Parti Destourien, fondé à Ksar Helal en 1934, avait déjà perdu sa vocation libératrice, trente ans après, en devenant Parti de pouvoir (PSD) qui a servi comme simple mobilisateur pour des politiques économiques idéologiquement opposées pour être définitivement asservi à la vocation mafieuse du RCD qui vient de connaitre la fin humiliante que l’on sait.

Pour Bourguiba donc,  car il mérite amplement l’hommage que l’on se propose de lui rendre lors de ce rassemblement organisé à sa mémoire  le 6 Avril 2011. Mais son œuvre ne peut être synthétisée dans un quelconque parti politique…Que ce dernier soit « destourien », « bourguibien », de « centre gauche » ou de « centre droit ». Son œuvre  qu’il avait qualifiée de « solide et qui tiendra après lui » n’est autre que la jeunesse tunisienne qui vient  de mettre fin, à travers une très belle révolution courageuse et citoyenne à un régime qui a cru pouvoir s’approprier l’Etat moderne que le Peuple tunisien a  construit, sous la conduite clairvoyante du Président fondateur.

Pour Bourguiba, mais sans les bourguibistes nostalgiques et sans les calculs sordides de récupération, en son nom, des « troupes » du RCD, abandonnés à eux-mêmes et à une vindicte « populaire »  qui ne peut que nuire à la crédibilité de notre démocratie naissante.

A mes yeux, et même si je resterais  seul à le croire, je continuerai à le dire : le mode de penser, inauguré par Bourguiba, est producteur d’histoire et la Tunisie mérite que sa jeunesse redécouvre, réinterprète et étudie en profondeur tous les aspects d’un patrimoine intellectuel richement complexe, bien au-delà de ses réductions médiatiques dégradantes en « Taoujihat Arraïs ». Ces extraits quotidiens de discours, dégagés de leurs contextes réflexifs et qui n’ont réussi qu’à rebuter la jeunesse en lui donnant de Bourguiba l’image « d’Ancien Combattant » « fusse-il  Suprême »,  selon la formule bien méchante de Jean Daniel.[1]


[1] Album édité par Jeune Afrique et comprenant des photos historiques de Bourguiba et présentées par Jean Daniel. (Débuts des années 80)

8 réponses

  1. khalil
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    vraiment la manque de communication entre les générations intellectuelles de Bourguiba de et cette génération de jeunesse de la période de Ben Ali, à commencer à monter ses limites, et, du coût notre jeunesse d’aujourd’hui est en train de découvrir ça.
    d’où il montre que Ben Ali a réussi pendant des années, d’exclure les vraies intellectuelles de sa génération qui ont recourus à se développer à l’étranger, et ils n’ont pas réussi à créer leurs racines chez eux pendant sa période de présidence.
    Enfin la question qui se pose est : est-ce que ces générations d’intellectuels de Bourguiba, et celle de la génération de Ben Alis vont réussir à changer quelque chose sur le terrain politique, économique sociale etc…., et rattacher leurs places ? Est-ce que cette jeune génération qui a décidé de se révolter contre leurs parents va leurs toléré à reprendre leurs places?
    Une compétition intellectuelle qui vient de commencer au sein de la jeunesse Tunisienne, dont, le vide politique est une option défavorable pour y arriver vraiment pour des résultats positifs, et une mission complexe pour l’ancienne génération, trop difficile à résoudre à mon avis.

    • Tamber
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      Good point. I hadn’t touhght about it quite that way. 🙂

  2. fabiie
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    le RCD n est pas le parti de bourguiba,il a trahi bourguiba et tous les destouriens,ce n est pas un parti c est un ramassi d opportunistes corrompus .Dautre part,se reclamer aujourdhui de bourguiba c est comme essayer de conquerir l espace avec une machine a vapeur.Tout ca est bien depasse,la tunisie appartient a la jeunesse et les jeunes ont plein d idees

    • Anitra
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      That’s the best anwesr of all time! JMHO

  3. asma
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    Et alors je suis « Pour Bouguiba » le « iste » tu m’as appris à ne pas l’utiliser car il tue l’idée !!! Je suis contente de sa revanche, ça a tardé à venir mais au moins c’est arrivé. En faire le deuil je m’y refuse je veux garder ce non deuil car justement c’est ce qui a maintenu mon esprit en éveil malgré tout !! Car le combat ne fait que commencer!

    • Irish
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      No more s***. All posts of this quilaty from now on

  4. Bourguiba est le fondateur de la Tunisie moderne, dont le fruit et la résultante principale est cette révolution !

    Cependant, Il faut d’abord laisser le temps, aux jeunes révolutionnaires, de consolider cette étape, par la libération des droits fondamentaux, liberté d’opinion, liberté d’expression et de la prise en main du devenir de notre peuple; qui est enfin instruit et modernisé… comme le voulait Bourguiba

    Aucun patriote politiquement honnête ne peut renier l’apport de Bourguiba.

    A présent l’étape la plus critique et la plus URGENTE , n’est pas de restaurer ou de créer tel ou tel parti, ni de fabriquer ou trouver, telle ou telle personnalité pour en faire le prochain président ou partisan; LA PRINCIPALE étape est avant tout de, poser et résoudre le problème de la REFORME de notre CONSTITUTION, pour qu’elle n’engendre plus jamais des pouvoirs anormaux aux présidents.

    ET Si l’on ne veut pas que TOUT RECOMMENCE …

    http://www.facebook.com/note.php?note_id=181411628563349
    samedi 12 février 2011, 01:00

    • Maralynn
      | Répondre

      AFAICT you’ve cveeord all the bases with this answer!

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