Le marché de l’Art en Tunisie et le blocage par le « monopole esthétique » (Années 70…… jusqu’à Aujourd’hui). (Partie 2)

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Par rapport à d’autres villes du Maghreb, les lieux d’exposition sont relativement nombreux à Tunis. Le plus important, pas nécessairement le plus fréquenté, est sans conteste, La Galerie municipale des Arts, dont l’entrée monumentale et imposante donne sur l’avenue de Carthage.

Ensuite, vient en second lieu la Galerie de l’information dont la baie vitrée donne sur la Place de l’Indépendance, sa situation privilégiée, ainsi que l’aspect ouvert de son espace lui donne une importance stratégique et une fonctionnalité que l’on ne retrouve nulle part ailleurs dans Tunis. II existe, toutefois, d’autres salles d’exposition, non moins actives. A signaler d’abord, celles des maisons de la culture dont deux sont situées au centre de la ville européenne. La première, celle d’Ibn KHALDOUN, est située sur la rue du même nom, la seconde, celle d’Ibn RACHIQ, sur l’Avenue de Paris. A remarquer que ces quatre lieux se trouvent tous à quelques minutes de marche l’un de l’autre. Depuis l’année dernière, une expérience de décentralisation a été tentée. Dans le cadre de la mise en valeur et de l’animation de la Médina, des expositions se tiennent également au Club Tahar HADDAD, situé dans un quartier ancien et populaire de la vieille cité. Le Casino du jardin du Belvédère a été récupéré en Musée d’Art Moderne de la ville de Tunis et déclaré Galerie permanente et Centre d’Art Vivant et d’animation culturelle.

Dans ces divers centres, les artistes tunisiens et étrangers, même de passage, exposent leurs productions à la vente, sans payer de droits de location. Il arrive même souvent, que ce soit État, par le truchement de l’Union des Artistes, ou bien celui du Comité Culturel National, qui prenne à sa charge l’impression des catalogues et l’envoi des invitations pour le soir du vernissage. Chaque année, plus d’une quinzaine de milliers de dinars sont consacrés par le département des Affaires Culturelles à l’acquisition d’œuvres d’art. Une commission d’achat, composée de représentants de l’Administration, d’Universitaires, de critiques et d’artistes, visite systématiquement ou presque, toutes les expositions et achète le plus souvent une ou plusieurs œuvres à chaque exposant. Une fois acquises, ces œuvres sont entreposées dans les caves du musée d’Art Moderne, et servent à l’organisation d’exposition d’art tunisien à l’étranger.

Les motivations de l’achat varient selon les exposants. Les œuvres des uns sont retenues en raison de la qualité esthétique que la commission leur accorde. Pour d’autres, ces acquisitions sont faites à titre d’encouragement. En règle générale on peut dire que le Département des Affaires Culturelles est le principal client de la peinture qui se fait en Tunisie. Mais il faudrait remarquer que depuis quelques années, des institutions paraétatiques et privées sont devenues des clients appréciés par certains peintres qui sont arrivés à se faire connaître sur la place.

C’est ainsi que quelques uns, parmi ces artistes, sont arrivés à se constituer leur propre circuit, pour l’écoulement de leur production. Au hasard des connaissances et d’appartenance sociale, chacun parmi eux s’est fait une clientèle appartenant à une catégorie de gens aisés, et dont le pouvoir d’achat est assez élevé pour se permettre un mécénat si minime soit-il.

Mais il semble que cette minorité ne réussit pas a elle seule à créer une dynamique de marché d’œuvres d’art. Tout indique qu’il ne s’agit pas d’investisseurs avertis, mais plutôt d’un certain nombre d’amateurs d’art dont le choix est souvent motivé par des noms plus que par des tendances. Des faits précis peuvent être cités pour confirmer ce qui ne semble qu’une simple hypothèse. En 1973, le peintre Abdelaziz GORGI avait ouvert une galerie privée, située dans le quartier résidentiel du Belvédère, loin du centre ville. Se donnant les moyens d’une vraie galerie marchande, GORGI avait payé une campagne publicitaire qui s’était traduite par la parution, à la une des quotidiens de Tunis, de petites plaquettes rappelant l’ouverture de sa galerie et les noms des artistes qui y exposent. C’est là un fait social nouveau: car jus qu’ici, nul n’osait désigner clairement la raison commerciale de la pratique artistique, et on s’en tenait seulement à la couverture constituée par la raison purement culturelle, donc apparemment désintéressée[1].

La conséquence immédiate de l’ouverture de cette galerie marchande a été durement ressentie par la directrice d’une autre galerie privée, située au centre ville. Celle-ci a vu une bonne partie de ses clients, qui figuraient sur sa liste d’invités, absorbée par la nouvelle galerie GORGI. C’est à dire que le nombre de ces clients potentiels est relativement limité et ne peut répondre à des propositions provenant de plusieurs points de vente.

Mais l’évolution qu’a connue le marché de la peinture tunisienne pendant ces dernières années, indique qu’il serait faux de procéder à des conclusions aussi rationnelles. En effet, malgré le nombre limité des clients, Tunis et sa Banlieue ont vu s’ouvrir depuis I973, plusieurs autres galeries privées. Celle d’Irtissem, située à quelques mètres de la Galerie de l’Information et dirigée par un peintre, Mahmoud SEHILI, expose à la vente des œuvres d’artistes qui ne font pas partie de l’Ecole de Tunis. Ensuite, il y a lieu de signaler la création récente d’une autre petite galerie, appartenant à un jeune peintre sculpteur, Abderrazak EL FEHRI, qui se propose, quant à lui, de mettre son local à la disposition des jeunes artistes qui veulent bien l’animer et le gérer collectivement. Pendant quelques temps, l’Hôtel Africa, un établissement de haut standing de la capitale, avait organisé des expositions ventes d’œuvres, importées de France, et destinées à être écoulées sur le marché tunisien.

L’explication du phénomène pourrait se trouver, partiellement, dans l’aspect quasi anarchique de l’évolution du marché, c’est à dire dans son caractère non planifié et sa croissance sauvage.

L’irrationalité se remarque, également, au plan de l’évolution des prix affichés. La prolifération des points d’offres n’a pas amené une baisse des prix, souhaitée. Tout se passe comme si la concurrence ne pouvant se faire au niveau des tendances et du degré d’innovation dans la recherche, les producteurs et les marchands posent une valeur standing aux œuvres qu’ils se proposent d’écouler, en exigeant des prix de plus en plus élevés. Ou bien, face à la rareté de la clientèle, l’offre a recours à la hausse des prix, dans le but de gagner le maximum sur le peu que les marchands arrivent à écouler. Le phénomène de la valeur standing est connu en France et rapporté par Raymonde MOULIN, au fait que l’acheteur non initié à l’art croit que la qualité d’une oeuvre est attestée par le prix, plus ou moins fort, demandé par le vendeur. 0n a, ainsi, observé qu’il est plus facile de vendre une œuvre dont le prix est fixé à 5000 F qu’une autre dont le prix est seulement de 500 F.

On ne peut prévoir, sans risques d’erreur, les conséquences d’une évolution pareille. Mais des précédents peuvent être évoqués, malgré le danger que comporterait l’assimilation de la situation actuelle du marché tunisien à celle d’un moment historique déterminé, du marché européen.

On sait qu’avant la destruction du monopole esthétique, tenu par les académiciens, chose qui arrivera après l’avènement de l’Impressionnisme, le marché de la peinture en Europe, s’était vu frappé d’une inflation qui avait ruiné les plus grands collectionneurs et marchands de l’époque. Mais conséquence plus grave: certains peintres, ne pouvant plus vivre de leur métier, ont tout simplement cessé de peindre pour se convertir en chirurgiens barbiers, aubergistes ou bien agents immobiliers[2].

Monopole esthétique, qu’est ce à dire ? L’expansion du marché de l’art en Occident a été durable et réelle, à partir du moment où les ateliers de peinture, ne se référaient plus tous aux mêmes critères esthétiques. Et s’il y a eu inflation, c’est parce qu’une production abondante de tableaux, se référant toute à la même problématique artistique, celle de la peinture académique, n’arrivait plus à motiver les clients et les collectionneurs. Ces derniers, le culte du passé aidant, se sont vus obligés de se rabattre sur la production de maîtres anciens, étant donné la rareté de leurs oeuvres. D’où l’introduction sur le marché, de faux anciens, en nombre important et la conversion de plusieurs peintres en faussaires.

C’est qu’on ne peut garantir la viabilité d’un marché qu’en justifiant la destruction du monopole de fabrication par le dépassement du monopole esthétique. Chose qui nécessite la prise en considération de l’aspect culturel de l’oeuvre, et par voie de conséquence, l’attitude de l’artiste. Or, comme nous l’avons déjà signalé, la majorité des artistes reproducteurs académiciens, et à leur suite, les artistes arabes et maghrébins, se remarquent par cette absence d’attitude active à l’égard de l’acte de peindre et le confondent avec la recherche stylistique formelle.

Ce que l’on peut remarquer, aujourd’hui, en Tunisie n’est pas autre chose que des essais de destruction du monopole, uniquement, au niveau de la fabrication. Car tous les marchands et propriétaires de galeries, qui sont déjà sur la place, invoquent la coexistence des tendances stylistiques, et se basent, chacun de son côté, sur la notion de qualité, que chacun estime trouver dans la production qu’il se propose d’écouler. La relativité et la connotation métaphysique de cette notion de qualité, le manque de tradition, l’analphabétisme plastique des clients potentiels, provoquent une situation semblable (et non identique) à celle qui découlerait d’un monopole esthétique, L’absence d’attitudes actives, chez la majorité des producteurs, fait que le discours esthétique est le même partout.

Dans le cas de la production artistique écoulée sur le marché occidental de l’art, le rôle du marchand intermédiaire et indépendant se révèle presque nécessaire, et son absence peut être à l’origine de situations anarchiques comme celle qui caractérise ce mini marché de la peinture qui essaie de se constituer en Tunisie. Car, à l’origine de ce manque de dynamisme, il y a aussi le fait que les peintres producteurs se font leur propre marchand. Ceci les prive de la variation et du renouvellement de la production qu’ils se proposent d’écouler en tant que propriétaires de galeries. Etant eux mêmes producteurs intermédiaires, ils ont tendance à limiter l’offre à leur propre production ou bien à celle de leurs amis. Sans, pour autant, qu’ils se réfèrent à des notions de tendances.

Le marché est ainsi vite saturé et ne peut dépasser les limites et les possibilités d’une minorité de clients. Le pays ne disposant pas d’un stock d’œuvres consacrées de maîtres anciens, comme c’est le cas en Occident, qui pourrait alimenter un marché où la spéculation sur les œuvres du passé a recours aux modes rétro, le marché de l’art en Tunisie ne peut compter, pour garantir sa viabilité, que sur l’encouragement à la création de tendances artistiques réellement concurrentes sur le plan des attitudes créatrices. Car , tout ce que nous venons d’observer nous permet de dire qu’on ne peut emprunter au système libéral européen, sa dynamique de développement culturel capitaliste, qu’en libéralisant la pensée et la créativité individuelles, en permettant aux artistes d’avoir une attitude réellement critique, à l’égard de l’ensemble du discours idéologique dominant.

En attendant, les peintres propriétaires de galeries, de par leurs références à la notion de qualité, se voient obligés de ne miser que sur les oeuvres auxquelles les clients se sont habitués. D’où l’on comprend, par exemple, la nécessité qu’ils ressentent à valoriser les œuvres réalisées par des artistes tunisiens et étrangers de l’époque coloniale, ou bien à celles qui continuent les choix idéologiques qui les sous-tendent.

Ainsi, obéissant, consciemment ou inconsciemment, à la loi de la rentabilité intéressée, en matière de création artistique, ils cautionnent une certaine conception de la culture et de l’authenticité dont les fondements sont ceux posés par le colon, il y a plus de cinquante ans. On comprend, dès lors, que les œuvres les plus légitimement cotées appartiennent, par la force des choses, à la production des années trente. Certains peintres se sont vus obligés de revenir à des étapes folklorisantes de leur carrière, après avoir pris le risque de faire de l’abstrait, tel Mahmoud SEHILI, à travers sa dernière exposition (Galerie IRTISSEM, Novembre 78). Mieux, on a constaté, durant ces dernières années, que des peintres français, qui ont quitté le pays depuis longtemps, continuent à envoyer des toiles, exécutées outre-mer, c’est à dire en Europe, et qui traitent de la Tunisie par cartes postales interposées. Cette production est destinée, bien sûr, à être écoulée sur le marché local[3].

 Le conditionnement extérieur de la production locale

A la lumière de ces données, ce marché local tendrait plutôt à devenir une sorte de continuation, en Tunisie, de ce qu’en France, Raymonde MOULIN appelle le marché des chromos. En effet, la description que fait celle-ci des clients potentiels de ce secteur, rappelle celle que l’on pourrait faire de la minorité d’amateurs qui donne à ce mini marché sa relative clientèle.

« L’acquéreur éventuel, écrit-elle, ne s’intéresse pas tant à la valeur esthétique du tableau, qu’à sa fonction décorative ou à sa fonction de prestige, c’est à dire à des fonctions partiellement indépendantes de la singularité de l’œuvre. La différence entre les tableaux ne s’imposant pas d’emblée, est provoquée artificiellement par les vendeurs: tout leur effort tend à suggérer que les produits ne sont pas homogènes mais individualisés, et qu’il existe entre eux des différences de qualité… La clientèle visée étant dépourvue d’informations, tant sur la peinture que sur son marché, a tendance à admettre comme authentiques, les différences artificielles provoquées par les vendeurs. La marge de ces derniers n’en demeure pas moins économiquement limitée, car elle doit tenir compte des pouvoirs d’achat des consommateurs potentiels de la peinture de chromos »[4]

Contrairement au marché des chromos, les clients du marché tunisien, sont dans leur majorité, assez aisés et disposent d’un pouvoir d’achat relativement élevé, Mais on peut constater que leur comportement culturel relève, comme c’est le cas pour les clients du marché des chromos, de cet univers « infra culturel, où il est des goûts comme des couleurs et où les jugements ne font qu’exprimer des préférences individuelles »[5].

Cet échange entre les deux marchés ne se fait pas uniquement dans le sens de l’importation, en Tunisie, d’une production réalisée en France et destinée à être écoulée sur le marché local, mais aussi dans celui de l’exportation à l’Etranger d’œuvres tunisiennes. C’est ainsi qu’une véritable chasse au collectionneur européen, amateur de factures originales et typiques ne cesse de sous-tendre le mythe du touriste connaisseur qui aurait ses entrées dans le marché de la peinture en Occident et qui, un jour, donnerait leur chance à des artistes tunisiens, en leur permettant d’accéder à un statut international.

Et c’est bien cette éventualité qui fait dire à un propriétaire de galerie à Tunis, qu’il ouvrira même en été, pour permettre aux touristes étrangers de connaître la peinture tunisienne authentique et de qualité[6].

Ce même artiste marchand, en parlant de ses projets, n’omet pas de signaler qu’il compte nouer des contacts avec des galeries connues à l’Etranger.

Ce qui est remarquable, c’est que d’autres propriétaires de galeries, se définissant pourtant comme étant d’avant-garde (en proposant des œuvres dites de recherche), tiennent à leur tour ce genre de discours. A plusieurs reprises, l’un d’eux nous informant de ses dernières activités, nous rapporta qu’il a déjà lié des contacts fructueux avec les galeries européennes qui s’intéressent à la peinture de recherche qui se fait dans le Tiers-monde.

Bien sûr, pareils projets ne tardent pas à se traduire dans la réalité par des actions effectives qui tendraient à les réaliser. Nous devons préciser que l’aboutissement réel de ces actions, c’est à dire l’accès mythique de certains artistes tunisiens au marché international, importe peu. Car, à nos yeux, l’importance de ce mythe est de provoquer des actions qui ne relèvent pas nécessairement d’une conduite rationnelle, qui tiendrait compte d’une finalité réalisable et rentable.

Ainsi cette demande fictive ou réelle, conditionnant celle de l’offre, le propriétaire de la galerie du Belvédère, aidée par des artistes du même groupe auquel il appartient, s’est donné pour tâche d’encourager une certaine peinture: celle qui correspondrait à la demande du marché de la peinture naïve dont les clients ont une certaine conception des arts exotiques produits par des primitifs de certains pays d’Afrique et d’Amérique Latine, suffisamment connue pour que l’on s’y attarde (Vogue de la peinture naïve haïtienne et celle de l’Afrique au sud du Sahara).

C’est ainsi que le public tunisien a eu droit, l’année 72 (l’opération continue à se développer depuis) à une exposition importante des œuvres d’un artisan décorateur de babouches pour touristes, encouragé par Gorgi à réaliser des œuvres naïves. L’exposition a eu lieu à la Galerie Municipale des Arts de la Ville de Tunis. Quelques mois plus tard, la galerie de l’Information, abritait les résultats d’une autre découverte, celle d’une dame peintre amateur des scènes de la vie quotidienne.

 Des autres sources de revenus

En dehors des deux catégories de sources de revenus que constituent les acquisitions faites par État et celles que permet l’existence de ce mini marché de la peinture, il existe d’autres moyens qui permettent aux artistes tunisiens de subvenir, relativement, à leurs besoins matériels.

A signaler tout d’abord, l’importance de l’industrie hôtelière qui, depuis les années soixante, ne cesse de fournir du travail, parfois assez rentable, aux peintres qui se convertissent à l’occasion, en décorateurs d’intérieur. Là encore, ce sont toujours les mêmes noms que l’on retrouve, aussi bien au niveau des galeries qu’à celui des établissements hôteliers. Nous pouvons signaler, à ce sujet, le fait que les deux propriétaires des deux principales galeries privées, sont en même temps actionnaires dans des sociétés de décoration pour lesquelles l’espace de la galerie peut servir de lieu de rencontre d’affaires. Ces sociétés fonctionnent comme n’importe quelle entreprise privée.

Ensuite il y a lieu de signaler que de nombreux artistes sont enseignants, soit dans les établissements d’enseignement secondaire, soit à l’Institut Technologique d’Art, d’Architecture et d’Urbanisme de Tunis (l’ancienne école des Beaux-Arts converties depuis 73 en institut d’enseignement supérieur dépendant de l’Université de Tunis).

Remarquons enfin qu’un certain nombre d’artistes, connus et moins connus, trouve dans les illustrations de timbres, commandés par le département des postes, une source de revenus, modeste il est vrai, mais qui permet à quelques uns parmi eux de se libérer des contraintes du marché qu’ils estiment trop aliénantes.

 Les matériaux et les prix

Reste à dire, pour compléter ce tableau des conditions matérielles de l’activité picturale en Tunisie, quelques mots sur les matériaux de base qui servent à la fabrication des tableaux. La majeure partie de la production que l’on trouve sur le marché tunisien est constituée de tableaux de chevalet (peints à l’huile; à l’acrylique ou à l’aquarelle). Le support est souvent en toile de jute, en papier à dessin, parfois en bois ou bien en toile isorel. Tous ces produits, ainsi que le bois des châssis sont importés. Dans tout le pays, il existe un ou deux marchands de matériaux pour artistes. Des demandes formulées à plusieurs reprises par l’Union des Artistes, en vue d’obtenir de la part des Autorités, une détaxation de ces produits n’ont pas donné, jusqu’à présent des résultats effectifs.

Quant aux prix affichés, ils varient selon les conditions dans lesquelles se font les expositions. Aucune côte n’est imposée par le marché qui ne subit aucune fluctuation, sinon celle des besoins de l’artiste au moment de l’exposition. En général le prix demandé dépasse le salaire moyen d’un fonctionnaire ou bien même d’un cadre de État Il peut atteindre, dans certains cas, les deux mille dinars. (A suivre)

[1] Nous faisons remarquer l’évolution normale de la finalité de la production de ce peintre, qui, au départ, s’est illustrée par ses oeuvres monumentales, dont nous avons analysé un exemple, celui de la fresque-bas-relief de la Place Pasteur.

[2] Voir Jean GIMPEL: –Contre l’art et les artistes. (Ouv. cité).

[3] C’est le cas en particulier, de Pierre BERJOLE, ancien directeur des Beaux Arts (école) de Tunis, qui tout en résidant en France, depuis treize ans, continue à écouler sa production en Tunisie.

[4] Raymonde MOULIN: Le marché de la peinture en France. (Ouvrage déjà cité).

[5] Ibid.

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