L’hommage de Sadika à Sghaïer.

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J’ai eu l’idée de convoquer cette image représentant une statue dédiée au grand poète de la Révolution espagnole Fédérico Garcia Lorca,( à la suite de Anouar Safta qui vient d’en publier une de moindre qualité), pour attirer l’attention sur le cafouillage aussi bien politique qu’intellectuel dont font preuve, chez nous, aussi bien les décideurs administrateurs de la culture que les artistes qui appartiennent aux différents secteurs d’activité de création artistique. . Dans cette image de la Place Sainte Anne à Madrid, la dédicace inscrite sur le socle de la statue représentant Lorca est libéllée comme suit : Madrid à Féderico Garcia Lorca. Aucune allusion au sculpteur (du moins sur cette face de dédicace) pour dire qu’il s’agit de l’hommage d’une ville, d’une communauté à un poète martyr et grand poète. II ne s’agit nullement d’une oeuvre d’expression personnelle à propos d’un drame humain où l’important résiderait (comme pour Guernica) dans l’interprétation expressionniste bien picassienne et aussi dans la prise de position d’un peintre adhérent au Parti Communiste mais qui ne sacrifie pas au réalisme jdanoviste stalinien. Dans le cas de cette sculpture- hommage politique rendue par Madrid à Lorca, le poète est plus que reconnaissable mais son image est traité dans une facture expressionniste dans une position symbolique où il tient une colombe qui prend son envol. C’est dire qu’en matière d’expression artistique en rapport avec le politique, il y a lieu de distinguer entre une oeuvre à partir de laquelle une communauté voudrait rendre hommage à un de ses fils créateurs en faisant de sa personne un symbole de résistance aux fascistes (et dans ce cas ce qui prime c’est ce message politique fort qui doit être « objectivement  » exprimé, comme en matière de communication visuelle) et une oeuvre d’Art personnelle signifiant non seulement une position politique, mais également une position intellectuelle d’artiste engagée à sa manière, en opposition même avec les camarades responsables de son propre parti politique.
Revenons à Hammamet pour observer qu’à l’origine, il y a cette volonté politique d’investir dans la politique (et il y a différence entre le politique et la politique) et pour ce, toute action destinée à fêter la culture et les créateurs est souvent détournée de ce noble objectif pour devenir une activité formelle comptabilisable en bilan d’activisme opportuniste. C’est dire que l’événement qui nous concerne devrait célébrer, non pas Ouled Hmed, mais la femme tunisienne créatrice et pour ce, il fallait trouver un sujet assez mobilisateur en soi ,en vue de l’exploiter dans cette mise en valeur de la femme artiste qui pour les organisateurs devait être Sadika Keskes, pour des raisons qui semblent personnelles. En conséquence, l’on se trouve devant cette réalité évidente qui est celle d’une femme artiste ( les hommes sont donc exclus) que l’on charge de s’exprimer personnellement à propos d’un thème destiné à mettre en valeur non pas Ouled Hmed mais la femme tunisienne artiste représenté par Sadika Keskes. D’où l’on comprend le sens de cette plaque accompagnant cette sculpture qui ne parle même pas de la femme tunisienne qui rendrait hommage à Ouled Hmed, comme Madrid rend hommage à Lorca mais l’hommage est rendue par une artiste, en tant que personne,à un grand poète dont l’image a été sacrifiée à l’expression personnelle dont la valeur artistique est pour le moins hypothétique, et qui en a profité pour coller son prénom à celui de Ouled Hmed, « dans une prière éternelle » , dit-elle .

L’image contient peut-être : 3 personnes, personnes debout et plein air

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