Fluidifier l’exercice du pouvoir en le moralisant . La Concorde pour éradiquer les méfaits des ententes partisanes.

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 Quelques semaines avant d’accepter de présenter sa candidature aux élections présidentielles, Abdelkrim Zbidi avait lancé de façon candide une phrase sibylline qui surprendra les « stratèges » de l’opportunisme politique dominant. »La culture avant le pain » dira-t-il, en prenant le risque de ramer à contre courant et de devenir impopulaire, au moment où le mafieux spécialiste en Com, Nabil Karoui récoltait déjà les fruits de son action caritative sur fond de cynisme; qui consistait à exploiter une réalité que désigne un proverbe latin « ventre affamé n’a pas d’oreilles ». Et ce, en tenant par les tripes les nécessiteux en mal de secours que sont les  laissés pour compte de la Tunisie profonde. Aux yeux du commun des politiciens amateurs de la place, déclarer que la Culture passe avant le pain, de la part d’un Ministre de la Défense et grand universitaire et médecin de renommée internationale, était une grosse bourde proférée par un naïf politique, réputé pour avoir déclaré dans l’hémicycle d’un parlement presqu’entièrement déserté par ses élus « qu’il ne savait pas faire de la politique parce qu’il était incapable de mentir ». Pour avoir osé braver le sens commun et  le populisme généralisé de ce corps politique opportuniste, en se dégageant de la fange dans laquelle la majorité de ses paires se sont laissés engluer, Abdelkrim Zbidi a fini par se rendre politiquement visible, sans avoir besoin de recourir aux moyens peu culturels du Marketing politique primaire dont les promoteurs sont des médias audio visuels au financement pour le moins douteux.

Surpris par l’émergence de cette nouvelle figure, inclassable, et hautement crédible avec seulement son discours propre, l’ensemble du corps politique corrompu l’a pris pour cible, révélant la solidarité implicite entre tous les éléments du système, toutes tendances confondues, pouvoir et oppositions. Aveuglés par leurs égos démesurés et leur manque radical de culture, tous les candidats dits centristes, y compris ceux d’obédience bourguibienne, ont refusé  de lui tendre une main complice pour mieux servir ensemble la cause commune d’une Tunisie  éprouvée par huit ans de chaos qui ont  saigné à blanc son économie et déstabilisé lourdement son ordre social. Du début jusqu’à quelques minutes de l’annonce des résultats catastrophiques, que l’on sait, du premier tour ,on l’aura couvert de calomnie lui et ceux qui le soutenaient qui sont en majorité des hommes de culture que les supporters des politiciens corrompus identifiaient à une mafia dont il serait  le pantin. Les résultats le donneront en tête de tous ceux qui étaient sensés appartenir à la « famille » dite centriste dont l’aveuglement a permis aux plus ignorants parmi nous de prétendre sérieusement aux fonctions de Président de la République fondée par Bourguiba.

Dans toutes les démocraties du monde, dans pareilles circonstances où le résultat sorti des urnes constitue le véritable séisme politique dont la scène politique a été l’objet, les perdants procèdent à l’actualisation de leurs approches de la réalité politique, en procédant à l’analyse objective de leurs erreurs. En démocratie, comme dans la vie réelle, la recherche de la vérité est la recherche de l’erreur dans la vérité établie et celui qui ne se risque pas à se tromper n’apprend rien. Dans le cas présent et s’agissant de la candidature d’un homme dont l’expérience politique est plus qu’évidente, il me semble que ce qui le distingue  et l’avantage est de se définir « a-politiques » (au pluriel). Distinction  qui le rend invisible et lui assure donc  la discrétion dont toute action efficace a besoin. Mais cette même distinction le rend, par la même inaudible  par les habitués aux formules creuses du jargon politique commun aux politiciens partisans.

Du coup, un problème se pose quant à la manière de soutenir politiquement, un homme à la posture politique inhabituelle et dont la prise en charge de son discours propre, par un comité de soutien, à défaut de parti, risque de le banaliser en le transformant en produit vendable selon les règles établies du Marketing politique. Pour ce premier tour dont la campagne n’a duré que trois semaines, on a procédé tout de suite à l’atténuation de ce principe à partir duquel, il se définissait comme étant à égale distance de tous las partis politiques en lui proposant  le soutien supposé désintéressé de certains de ces partis. Soutien qui l’a en quelque sorte, privé de cette posture particulière d’homme politique « a-politiques » et  a transformé sa volonté déclarée de se passer de « ceinture politique » en une sorte de manque qu’il fallait combler.

C’est ainsi  que son acception particulière de la notion de  « ceinture politique » dont il voulait rénover radicalement le sens a été mise en sourdine pour les commodités de l’échange discret de services entre un homme politique exceptionnellement crédible et des partis politique en quête de crédibilité qui voulaient s’en rapprocher, pour mieux se positionner aux législatives. Cette proximité « obligée » avec la logique partisane dictée par le besoin objectif de soutien, au moins logistique, a été à l’origine de flou conceptuel  quant la manière effective de se faire entendre par les politiques partisans (députés et membres du Gouvernement ) tout en se déclarant au-dessus des partis, pour des raison d’efficience dans l’accomplissement de sa tache en tant que projet de Président arbitre et rassembleur.

Il y allait, en effet de la réforme profonde qu’il voulait introduire dans le fonctionnement du système à partir du déminage de la Constitution de 2014 et qui a été le résultat non pas de la Concorde nationale , mais celui de l’entente entre les partis politiques représentés à la Constituante. Cette notion d’entente, étant le sous entendu de base de la loi fondamentale actuelle, rend obligatoire l’entente entre les différents acteurs politiques dont la loi électorale multiplie, à dessein, le nombre  et fait du respect de  la Constitution un instrument programmé de blocage et d’indécision politique continuelle.

Ce qui distingue  la réforme de la Constitution de 2014 suggérée par Zbidi c’est qu’elle ne se propose pas nécessairement d’accroître les prérogatives du Président de la République aux dépens de celles du Chef de Gouvernement , ni de rendre le Chef du Gouvernement plus indépendant par rapport aux différents  groupes parlementaires. Zbidi dans son premier entretien télévisé avec Meriem Belkadhi avait  précisé que la condition d’être à égale distance de tous les partis ne concerne pas la fonction de Président de la République mais également celle de Chef du Gouvernement. Ce qui est visé, ici c’est l’entente en tant que pratique de partage du pouvoir et qu’il voudrait remplacer par la Concorde. L’entente, en effet, n’aide pas les partenaires participants au pouvoir à transcender leur identité partisane pour accéder à la qualité d’hommes d’Etat, à partir  du moment où ils accèdent à la dignité de membres d’un Gouvernement. Du coup, ni le Président ni le Chef du Gouvernement n’auront plus besoin de « Ceinture politique » en sous entendant par la même que cela découle de la moralisation nécessaire de la vie parlementaire par le rappel que le député, à partir du moment où il est élu, est le représentant du peuple et non pas de sa région ou de ceux qui l’ont élu et que s’il est élu sur la liste d’un parti il lui est interdit de « privatiser » son mandat en pratiquant l’indigne « tourisme parlementaire ». Dans ces conditions, le fait de placer l’interêt de la Patrie  au-dessus de celui des partis devient la devise des trois pôles du pouvoir politique et peut rendre possible que l’on puisse se passer de « Ceinture politique ».

On peut donc facilement entrevoir que ce projet de moralisation de la vie politique n’est pas de  nature « morale » mais vise à fluidifier la gouvernance  de la chose publique  en favorisant la Concorde entre les différents partis qui auront comme devise suprême l’interêt de la Patrie avant toute autre considération et que la concurrence loyale entre les partis se fasse sur la base de la compétence  à mieux servir l’interêt national commun et non  sur la base de l’appartenance partisane.

En mettant la barre très haut, l’on comprend que Zbidi s’est mis sur le dos  tous les profiteurs du système actuel qui fonctionne en termes de parcellisation du pouvoir et de transformation des lieux de son exercice  en moyens de se servir et non de servir. Mais il est urgent de souligner  l’importance du diagnostic établi à partir de l’observation scientifique des symptômes et qui a permis au docteur Zbidi d’inscrire dans son programme politique le projet plus que légitime d’administrer le remède qui pourra sauver notre  transition démocratique des virus que lui ont été inoculés par ce que Béji avait qualifié de mauvaises herbes qui  allait étouffer notre jeune Révolution.

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