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Se recueillir en famille devant le cercueil du Président Fondateur . De gauche à droite : nbc, Karima, Sélim, Amina et Zied Ben Cheikh. Il y a une différence entre penser et penser sa pensée , c’est à dire penser en reconnaissant ses limites, sans lesquels on continue à ignorer la réalité concrète sur laquelle on pose les pieds. Réalité dont l’image que l’on s’en fait est à actualiser à tous les instants. Ainsi penser, sans penser sa pensée c’est continuer à fonctionner avec l’image obsolète d’une réalité politique qui n’est jamais la même. C’est le lot de certains qui ne font que projeter par dessus la réalité du moment , des images obsolètes de l’histoire passée.
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Un mode de penser véritablement politique se fonde d’abord dans l’observation des nuances. Et la pensée Bourguiba (et non pas de Bourguiba) ne se prête pas à la possibilité de sa dogmatisation. Il s’agit d’un mode de penser complexe, comme la réalité à laquelle il adhère en la révolutionnant. Révolutionner c’est faire tourner. Et si tu ne tournes pas le monde, le monde tourne autour de toi
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Sayah a transformé le penser Bourguiba en extrémisme du milieu sur fond de stalinisme d’emprunt. C’est le jour où les destouriens ont transformé la pensée Bourguibienne en Bourguibisme que Bourguiba le révolutionnaire pragmatique, constatant que son entourage ne comprenait rien à sa vision, s’est contenté en bon politique à continuer son projet sans trop compter sur personne. N’étant pas dictateur il a laissé faire, en veillant à bien choisir ses hommes et d’en tirer le maximum de leur compétences propres. Jusqu’au moment où il n’avait plus les moyens d’arbitrer ou de modérer. Bourguiba a réellement gouverné jusqu’aux débuts des années soixante où il a laissé l’initiative à Ben Salah qui a été abattu par le clan Mestiri et Nouira le libéral et Bourguiba ne pouvait que le lâcher. Son évasion vers l’Algérie par la langue de terre de Ouled Dhifallah que la frontière avec l’Algérie encercle de trois côtés, avec un poste de garde nationale à l’entrée, désigne un complicité du pouvoir. Mzali aussi s’est évadé par ce même lopin de terre. Sans que personne ne s’en rende compte. Tout cela pour dire que si la Tunisie de Bourguiba a connu sa fin minable de luttes intestines pour la succession, ce n’est pas par la volonté personnelle de Bourguiba que l’on a déjà pris, à partir de 74, en otage . Lutte pour la succession qui a permis l’avènement d’un régime de douce dictature policière qui s’est contenté d’administrer le pays avec prudence et de préparer l’arrivée d’Ennahdha en transformant le PSD en parti de Hami El Hima Waddine et en rompant avec la pensée active du fondateur, non dogmatisable et toujours néo. Tout en sciant la branche sur laquelle il était assis. Et Abir et son parti sont le produit de l’après 2011. L’histoire ne se répète jamais. Elle bégaie. comme on l’attribue à Marx.
Bourguiba n’est pas un faiseur d’histoire. Il était un véritable homme politique qui savait composer (comme un artiste) avec les contraintes, pour transformer les obstacles en levier d’action. Les bourguibistes nostalgiques sont les premiers créateurs d’obstacle à l’évolution de la pensée Bourguiba par son actualisation nécessaire et telle que l’a toujours signifié Bourguiba en identifiant l’Etat Tunisien au slogan: « toujours néo ». L’arrivée au pouvoir de Ben Ali est en réalité le produit du pourrissement de la scène politique tunisienne du début des années 80. Tout ce dont je parle est fondée sur mon expérience propre où j’ai eu la chance d’être témoin de premier rang de cette scène jusqu’en l’avènement du RCD.
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. L »espace médiatique et celui des réseaux sociaux , en particulier, est marqué, qu’on le veuille ou non, par le seul acquis de Janvier 2011 qui est la liberté d’expression. Cette dernière a permis à toutes les personnes qui, pour des raisons diverses ont été empêchées d’expression, d’user de cette liberté de parole, pour le moins débridée, pour se rendre légitimement audibles. Lorsque je parle de liberté « débridée », je ne suis pas entrain d’argumenter politiquement pour le rétablissement d’une notion à caractère moral et politiquement peu crédible qui est celle de la « liberté responsable », comme légitimation de la censure. Le pouvoir politique bourguibien considérerait la liberté contrôlée, comme un facteur de stabilisation nécessaire à l’aboutissement de l’apprentissage graduel de la vie en démocratie, et pour ne pas compromettre la réussite programmée d’une démocratie avancée, qui serait produite et assumée par un peuple politiquement majeur et assez polissé. Cette démarche que certains qualifient de despotisme éclairée est celle revendiquée par Bourguiba, en toute transparence de pensée et d’action. En conséquence de quoi Bourguiba n’a pas besoin, aujourd’hui, d’avocats pour le défendre contre ses détracteurs post- mortem.
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L’histoire ne s’écrit pas en termes de jugement proférés par des personnes qui pourraient se prendre pour des « correcteurs objectivants » des points de vue de ceux qu’ils estiment subjectivement fascinées admirateurs béats de Bourguiba. J’estime que j’ai ma propre vision du mode de penser Bourguiba , différente de celles de toutes les catégories de personnes qui se déclarent ou que l’on qualifie de « bourguibistes ». J’ai eu à mener mon combat pour la liberté de penser librement, au sein de la Presse du PSD, en critiquant le discours laudateur, à partir duquel le personnel politique se disputant la succession avait pris le vieux Président en otage. Ma liberté d’expression je la devais à ma position unique dans l’histoire de la presse tunisienne officielle. Je suis le dernier directeur de l’hebdomadaire d’expression française du PSD, avant qu’il ne soit interdit de parution quelques semaines après l’avènement du 7 Novembre 87 et la création du RCD. En tant que directeur de cet organe de presse, je n’étais ni payé pour mon travail, ni détaché auprès du Parti. J’assumais à la fois mes cours à l’Université pour lesquels je percevais mon salaire d’enseignant du Supérieur, statut que je garde jusqu’à aujourd’hui , en tant que professeur émérite à l’Université de Manouba. C’est en donnant à ma participation un caractère d’engagement bénévole que j’ai pris plaisir à protéger ma liberté d’expression objective. Citant souvent dans mes éditoriaux Marx pour qui « seule l’objectivité est révolutionnaire » ou Ibn Arabi, qui dit « Sois le Cheikh de toi-même » ou encore Gramsci et son « intellectuel organique » auquel j’identifiais Bourguiba. Et personne parmi le personnel politique ne trouvait à redire. Parce que, et je ne l’ai su que par la suite par inadvertance, j’étais lu au quotidien par Bourguiba.
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Durant les dix dernières années, j’ai écrit près de trois cents articles de fond, accompagnant au quotidien, sur Facebook et sur mon blog personnel « naceur.com« , l’actualité politique de cette révolution bourguibienne spoliée par les opportunistes de tous bords et transformée par des forces occultes mais déclarées, en ce dramatique « Printemps Arabe » qui n’arrête pas de mourir. Et qui n’a rien à voir avec l’idée du Printemps révolutionnaire dont parle Maiakovsky quand il s’adresse à Lénine en ces termes: » Camarade Lénine, je te fais un rapport; Après toi ils ont tué le Printemps. Ils ont empêché le Petit chat de se mettre à la fenêtre, je me suis surpris entrain d’aboyer au téléphone . Et je me suis « oursifié ». Mais moi je ne me suis pas oursifié ou rentré dans ma coquille et je continue ma résistance fondamentalement culturelle, fondamentalement politique mais surtout A-partisane. A-politicienne. Tout en soutenant, Aujourd’hui et pas Hier, la résistance politique à caractère inédit de Abir Moussi.
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Peut-on être intellectuel Néo-destourien sans être bourguibien et non bourguibiste?
on 25 avril 2021
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