Bruno Etienne à Dialogue, en 1987: Le recours à la Charia ne peut constituer une réponse à la modernité.

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Je  publie pour la seconde fois une interview que  m’avait accordée Bruno Etienne[1], en Avril 1987, pour la Revue Dialogue, et ce, à l’occasion  de sa participation à l’Université d’été de Tabarka dont le Directeur était, pour la saison, mon ami, l’écrivain Ezzeddine El Madani. On s’était donné rendez-vous dans un hôtel situé sur les hauteurs de la colline de Byrsa à Carthage et je devais le ramener, après l’interview, dans ma voiture, à Tabarka où je devais moi-même donner une conférence.

Je ne le connaissais qu’à travers son livre « L’Islamisme Radical ». Je ne me souviens pas particulièrement de cette rencontre sauf d’un homme chaleureux qui connaissait bien l’Islam, le Maghreb et qui avait l’accent…du côté de Marseille. J’avais appris plus tard, après sa mort en 2009, qu’il était franc maçon, comme pourraient l’être certains musulmans tunisiens installés en France (et bien installés) et qui se sont spécialisés dans les relectures du Coran.

Comme on pourra le constater, mes questions, autant que ses réponses étaient consacrées à l’évaluation de la situation qui prévalait à l’époque à un moment où Tunis était le théâtre de harcèlement quotidien de la part des Islamistes. D’où le fait que je considère que l’approche qu’en faisait Bruno Etienne reste encore valable aujourd’hui, d’autant plus que, comme il l’avait déclaré, en 87, la révolution iranienne n’a pas pu s’exporter.


[1]

Bruno Etienne est né le 6 novembre 1937 à La Tronche, près de Grenoble (Isère). Il passe son enfance dans le sud de la France où son père militaire est affecté. Il suit ses études d’abord au Lycée Thiers de Marseille puis à la Faculté de droit d’Aix-en-Provence. Il intègre ensuite l’Institut Bourguiba des langues à Tunis (Tunisie), où il apprend l’arabe, et enfin l’Institut d’Études Politiques (IEP) d’Aix-en-Provence.
Bruno Etienne entame sa carrière de Chercheur en 1962 au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS). En 1965, après avoir soutenu une thèse de doctorat en droit sur Les Européens et l’indépendance de l’Algérie, il part pour l’Algérie où il travaille comme Coopérant Technique et enseigne à l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) d’Alger. Il regagne la France en 1974 pour passer son agrégation en sciences politiques puis passe deux années, de 1977 à 1979, au Maroc, où il est nommé Maître de conférences à l’université de Casablanca. En 1980, il devient Directeur du Centre de Recherche et d’Étude des Sociétés Musulmanes (CRESM), un laboratoire du CNRS, et professeur à l’IEP d’Aix-en-Provence où il se spécialisera dans l’étude du religieux dans l’espace euro-méditerranéen, et notamment de l’Islam dans sa dimension politique. En 1985, il fonde et prend la direction de l’Observatoire du religieux, associé à l’Institut d’Etudes Politiques d’Aix-en-Provence, avec pour objectif de fédérer les recherches autour du religieux en sciences politiques, en sociologie et en anthropologie.
Membre de l’Institut Universitaire de France (1996-2004), cofondateur en 1999 de la revue politico-littéraire La Pensée de midi, professeur visiteur dans de nombreuses universités notamment de Princenton (Etats-Unis), Tokyo et Kyoto (Japon) et du Caire (Egypte), régulièrement consulté par le gouvernement français sur les questions de l’Islam et de l’Islamisme, Bruno Etienne est considéré comme un pionnier de la recherche pluridisciplinaire sur le phénomène religieux. Selon Raphaël Liogier, qui lui a succèdé à la tête de l’Observatoire du religieux, il est « un des premiers à avoir envisagé d’étudier le religieux en science politique comme tel et à avoir compris que l’islamisme radical était un produit de l’Occident, un mouvement moderne et pas le cheminement normal de la tradition islamique ».
Outre ses contributions à de nombreuses revues nationales et internationales (dont La République des Lettres) Bruno Etienne est l’auteur de quelque 25 livres. Citons entre autres parmi les plus importants: Algérie, cultures et révolution (1976), L’islamisme radical (1987), La France et l’Islam (1989), Ils ont rasé la Mésopotamie (1991), Abd-el-Kader. Il est décédé d’un cancer à son domicile d’Aix en Provence le 04 mars 2009, à l’âge de 71 ans.     Julien Poincarré (In La république des Lettres.4 Juillet 2011)

Une réponse

  1. EM
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    Voilà donc un bon article, bien passionnant. J’ai beaucoup aimé et n’hésiterai pas à le recommander, c’est pas mal du tout ! Elsa Mondriet / june.fr

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