Ghanouchi, perdu entre Béji et Chahed.

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Depuis l’apparition sur la scène politique nationale, des signes indiquant qu’il y avait un différend entre le Président de la République et le Président du Gouvernement, les réduisant tous les deux à des personnes mues par leurs intérêts personnels contradictoires, je n’ai cessé d’écrire, à contre courant  des avis de la majorité des Tunisiens, que je ne voulais pas croire à ce  supposé différend. D’abord, parce que je ne peux pas croire, que dans la position hautement symbolique qu’il occupe, un homme d’Etat, de la trempe de Béji Caïd Essebsi, puisse manquer de clairvoyance et ne pas se rendre compte de la nullité spectaculaire dont son fils Hafedh fait preuve  et de l’impossibilité, pour ce dernier, de réaliser un supposé rêve maternel  de faire accéder le descendant du général Farhat, mort en martyr au Kef, « assassiné » par  les « orbanes » de Ben Ghdhahem, à la tête de la République fondée par Bourguiba. Ensuite, je ne peux pas croire non plus que notre jeune  Président du Gouvernement,  puisse faire montre d’ingratitude à l’égard du Président de la République qui a  pesé de tout son poids  de stratège politique, pour le faire émerger et le placer là où il est. Et enfin, en tant que vieux destourien de gauche (à l’instar de Bourguiba), j’aurai toujours tendance à « idéaliser » en toute lucidité, les hommes d’Etat qui ont été à l’Ecole de Bourguiba et qui sont devenus des politiciens compétents, au-delà de toutes considérations morales mais non dénués d’éthique. Et Béji en fait partie.

Ceci dit, l’artiste que je suis, à « l’imagination fertile » comme disent, ironiquement des artistes, les adeptes de la réalpolitique, s’est mis en tête d’inventer une « histoire vraie », sans aucune  preuve  tangible la corroborant, par laquelle je justifiais ma croyance en la non existence de différend entre Béji Caïd Essebsi et Youssef Chahed. A la base de cette histoire, il y a le fait que je tenais à ne pas désespérer ni de l’un ni de l’autre. Pour ne pas désespérer de la réussite de notre transition démocratique. Car, pour le révolutionnaire bourguibien que j’estime avoir toujours été, désespérer du rêve d’une Tunisie toujours meilleure, (jusqu’à la fin des temps, comme le disait Bourguiba), c’est tout simplement cesser de vivre et mourir à la vie avant que sonne mon heure.

Cette histoire est la suivante : Béji s’étant rendu compte, dès les premières heures de l’installation de la nouvelle Assemblée de 2014,que les députés du parti qu’il a crée, au moins une bonne majorité parmi eux allait transformer  le parti qui les avait fait accéder au pouvoir législatif en panier à crabes . A partir du moment où l’on avait commencé à réfléchir sur la composition du nouveau gouvernement, les élus du Nidaa se sont mis  à donner de la voix, en  mettant en avant  leur légitimité d’élus pour faire preuve d’hégémonie à l’égard des instances de leur parti qui est resté longtemps en manque de Congrès électif. Et pour certains, de demander leur participation à l’exécutif. Je me souviens d’une mise en garde faite par Béji qui avait souhaité que les députés fassent bien leur travail de députés et ne s’ingèrent pas dans les affaires propres de l’exécutif. Il n’a pas été entendu. Et Béji leur a répondu, en son âme conscience, en oubliant ce qu’il leur avait dit . Et depuis , il n’a plus compté que sur lui-même, pour gérer une situation, on ne peut plus complexe et dans un contexte international encore incertain , en jouant sur le moyen terme. Et son jeu a consisté à faire semblant et à user de ruse pour user le crédit des Islamistes, en sacralisant à juste titre la liberté d’expression, tout en demeurant le seul à parler de révolution. Quoi de plus cynique que de laisser Belhaj, Marzouk et Hafedh, commencer l’action de corruption du  Nidaa,  en se pavanant tous les trois devant un grand drapeau sur une tribune à la Présidence de la République. Quoi de plus cynique que d’avoir renvoyé Marzouk de la Présidence, en l’affublant de je ne sais quel Ordre  et après l’avoir utilisé pour signer un texte que les Américains voulaient lui imposer, lors de sa visite aux USA ? Quoi de plus objectif que de laisser Hafedh chahuter Marzouk au Secrétariat du Parti pour le décider à faire cavalier seul et à fonder son propre Parti (pouvoir clé en main) ? Quoi de plus objectif et cynique que d’avoir laissé pourrir à vue d’oeil un parti qui , aux yeux de son fondateur qui ne s’y reconnaissait plus, devait d’abord mourir pour accéder à une véritable Re-naissance . Cela , en effet dépassait toute imagination : Nidaa Tounes dont Béji a rappelé les composantes d’origine, ( y compris les opportunistes devait il préciser) dans son dernier discours, lors de l’ouverture du Congrès  du Nidaa à Monastir, devait dégringoler jusqu’à la limite de l’affront : avoir pour porte parole Borhane Bsaies et pour Secrétaire général Slim Riahi !

La partie ne pouvait être jouée  sans la connivence du Président du Gouvernement que l’on qualifiait de fils spirituel de Béji jusqu’au moment où il va revendiquer une autonomie de décision que Béji n’avait certainement pas l’intention de limiter , respectueux comme il se doit de la loi Fondamentale de notre République démocratique et Civile. Quoi de plus propice que ce moment pour annoncer la fin de l’Entente avec la bande à Ghanouchi qui n’en finissait pas de faire chanter le pouvoir et de continuer à corrompre sciemment les rouages de l’Etat et menacer sa survie. Obligeant par la même Ghanouchi à soutenir Chahed, contre les agissements de tous les prétendants au pouvoir, en prévision des élections  d’Octobre -Novembre 2019, sans que ce dernier ne dise mot sur ses rapport avec Ghanouchi, laissant les ténors de son Nouveau Parti, (dont le nom a  pour  origine  une première proposition de l’appellation de Nidaa Tounes, lors de sa fondation en 2012)  préciser que Tahya Tounes ne sera pas l’associé d’Ennahdha et qu’il comptent libérer le pays de l’emprise  de la Pieuvre Islamiste par les moyens démocratiques. Du coup Ghanouchi qui a besoin d’être associé , même à titre symbolique au pouvoir, pour ne pas être taxé de terroriste par certaines instances dominantes  internationales (histoire de se croire dans une situation semblable à celle du Respecté Cheikh Hassan Nasrallah), se  retrouve sans domicile fixe en manque de toit protecteur en se rendant compte qu’il ne lui reste plus que le recours à la menace terroriste pour survivre politiquement. Et après que Béji  ait donné ses directives aux congressistes du Nida de réintégrer Chahed au Parti, sans attendre les élections au sein du Congrès et après qu’il ait précisé que Nidaa Tounès et Tahya Tounès sont en fait deux appellations différentes d’un même parti,Il ne nous reste plus qu’à espérer la libération de ce qui reste du Nidaa de la racaille qui l’a investi et de lui permettre de renaître plus fort que jamais ou bien de se verser dans l’autre de ses versions Tahya Tounès, pour devenir un parti de battants, riche de la pluralité de ses tendances.

Pour toutes ces raisons, je me suis permis il y a quelques semaines ,  de publier un statut  en Arabe parlé Tunisien , sur Facebook  :  الباجي و يوسف الشاهد كوروا بالغنوشي…

.والله أعلم

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